Même les cow-girls ont du vague à l'âme

Tous les livres sérieux vous diront que les humains sont les rois de la création parce qu'ils ont un pouce opposable aux autres doigts, ce qui leur permet de créer des objets pour se faciliter l'existence (le tisserin et l'épinoche n'en ont pas et s'arrangent quand même pour fabriquer des nids mais, comme chacun sait, l'exception confirme la règle !).
Toutefois, trop c'est trop et des pouces géants sont un sérieux handicap : ainsi l'a constaté dès l'enfance Sissy Hankshaw, native de Richmond en Virginie (pays du tabac), que la nature a dotée des pouces les plus longs du monde. Qu'en faire à l'âge de l'automobile, sinon du stop ? Fille des temps modernes, Sissy est devenue la meilleure auto-stoppeuse des Etats-Unis, ce qui l'a conduite, étant belle fille de surcroît, à devenir aussi modèle de publicité pour la Comtesse, magnat des déodorants Yoni Miam/Rosée. (Il faut bien gagner sa vie.)
Voilà comment Sissy rencontre (et épouse) l'Indien Julian Gitche à New York, les cow-girls du ranch de la Comtesse dans le Dakota et, à côté, le Chinetoque de la Crête Siwash. Voilà comment elle sera témoin de la révolte des cow-girls en lutte pour obtenir l'égalité avec les hommes - et du grand combat politico-écologique qui en résulte à cause d'une bande de grues (oiseaux).
« Cette histoire dingue d'un bout à l'autre, écrite sur un ton d'allégresse et de rigolade, truffée d'imageries cocasses, d'associations d'idées impossibles, d'inventions de vocabulaire (mais comment le traducteur a-t-il fait pour aussi bien rendre un pareil texte ?), cette entreprise de subversion dans la bonne humeur, on comprend qu'elle emballe des millions de jeunes Américains et, à leur suite, des moins jeunes. Un sacré courant d'air, un bain d'oxygène. Un traitement écologique à l'usage de l'humanité. » (Jean Clémentin - Le Canard enchaîné).

Source : Le Livre de Poche