La création d’une structure d’accueil du jeune enfant impose de nombreuses démarches et un temps considérable de réflexion. Lorsqu’on a passé les étapes administratives et que les feux sont au vert pour l’installation, il est alors temps de penser à l’aménagement. Les catalogues de matériels de puériculture professionnels sont de sortie et la liste s’allonge… tout comme le budget !
Et si, pour une fois, on essayait de raisonner différemment ? Pour une question budgétaire d’une part, mais aussi une question environnementale, dans le but d’éviter la surconsommation.
La sobriété dans l’achat de matériel de puériculture pro
Première étape : établir une liste des matériels indispensables à l’accueil des enfants, des matériels que l’on est certains d’utiliser tous les jours. En prenant le temps, pour chacun d’entre eux, de peser le pour et le contre de son utilité. Commence alors un autre long travail de visualisation, de projection dans notre futur espace, rempli de bébés, d’enfants et de pros de la petite enfance. De quoi ai-je besoin pour les accueillir ? faut-il un banc pour s’assoir, un grand plan de change pour les parents ou simplement un tapis ? des casiers, des porte-manteaux ? mais où vont dormir les tout-petits pour leur sieste du matin ? dans un lit à barreaux dans le dortoir ? un lit bas ne serait-il pas plus pratique qu’un lit surélevé ?...
Beaucoup de questions qui, si on se concentre exclusivement sur le besoin (et non sur l’envie) laisseront la place qu’au matériel nécessaire. L’ambition première de toutes les structures d’accueil du jeune enfant est d’assurer la réponse aux besoins primaires des enfants. Et pour cela, nul besoin de dépenser beaucoup, bien au contraire.
Une fois votre première liste établie, la deuxième étape débute. Il vous faut vous procurer ce matériel indispensable à l’ouverture. Là encore de nombreuses questions vont se poser.
Les COV et la santé environnementale pour bébé
Il est aujourd’hui impossible de faire l’impasse sur la question de la santé environnementale. On sait que les enfants passent 90% de leur temps en intérieur, il est donc primordial que cet environnement soit le plus sain possible.
Et en matière de prévention de la santé, travailler à diminuer les sources de pollution de l’air intérieur est un des facteurs clé pour permettre de limiter l’exposition de nos enfants aux polluants en tous genre. Les Composés Organiques Volatils COV sont une des catégories de polluants majeurs repérés par les agences de sécurité sanitaire. Malheureusement, ils sont partout : dans les peintures, les vernis et les colles qui entrent dans la fabrication des mobiliers, des jouets, des tapisseries… Partout !
Certains fabricants travaillent sur la composition des produits pour faire diminuer leurs quantités.
Ce qu’il est également important de savoir, c’est que l’émission de ces polluants est maximale lors de la sortie d’usine. Elle décroît ensuite rapidement dès que le produit est mis à l’air libre. Ainsi on conseille toujours, surtout pour des espaces destinés aux enfants, de déballer le matériel et le laisser en extérieur pendant au moins un mois avant l’arrivée des enfants. L’autre solution bien plus efficace est de s’équiper en matériel qui ont déjà relargués une grande partie de leurs COVs dans leur première vie. Je parle bien sûr de matériels de seconde main.
Equiper son lieu d’accueil de l’enfant avec du matériel de seconde main
Pour beaucoup, seconde main rime avec « ancien », « démodé », « abimé ». Pourtant, ce qu’il serait important de vérifier avant tout, c’est bien la fonctionnalité du produit. Car s’il remplit correctement la fonction pour laquelle il a été créé et qu’il est toujours aux normes en vigueur, le matériel est bien évidemment toujours utilisable.
Une des autres raisons qui pourrait terminer de vous convaincre pour franchir le cap de l’achat de seconde main, ce sera peut-être la contrainte règlementaire imposée par la loi AGEC. Cela ne concerne évidemment que les structures soumises aux marchés publics. Depuis le 1 janvier 2022 la loi Anti-Gaspillage pour une Economie Circulaire impose aux acheteurs publics de consacrer au minimum de 20% de leurs achats à des produits reconditionnés ou issus du réemploi (le taux varie en fonction des catégories de produits, concernant les matériels de puériculture, le taux minimum est de 20%). La consultation des offres des fournisseurs devra donc permettre de porter une attention particulière à ces critères afin répondre aux objectifs imposés par la loi.
L’imaginaire collectif se borne bien souvent à penser l’accueil de l’enfant comme un endroit propre, sécurisé, harmonieux… ne pourrait-on pas obtenir tout cela avec des matériels de seconde main ? S’ils sont vérifiés et nettoyés les deux premiers critères seront remplis. L’harmonie quant à elle tient beaucoup à des questions esthétiques : des couleurs, des formes, des matières qui se correspondent bien. Et si la « beauté » actuelle, souvent mise en avant par des standards uniformes, ne demandait qu’à être réinventée pour venir se trouver dans des assemblages d’objets colorées, divers et variés ? N’avez-vous jamais remarqué lorsque vous rendez visite à des amis, à quel point ces chaises toutes différentes autour de la table, n’apportent pas une idée de mauvais goût mais plutôt de jovialité, de vie, et enrichissent l’espace dans lequel elles se trouvent ? On pourrait tout à fait imaginer la même ambiance chaleureuse dans un espace d’accueil, où tous les mobiliers et matériels, chinés au gré des besoins, trouveraient leur place au sein de cet espace de vie enfantin. L’accueil n’en porterait alors que mieux son sens et sa définition.
Vous constaterez très vite, en vous équipant de matériels de seconde main, que votre budget sera allégé. De quoi vous permettre une troisième étape, celle de la liste des petits plaisirs : s’équiper de matériels sensoriels ou de livres, faire intervenir une conteuse, organiser des sorties nature… autant de petits plaisirs qu’il conviendra toujours de réfléchir dans une optique non consumériste mais bien créatrice d’expériences intéressantes pour les enfants, et les pros de la petite enfance !
PS : nous n’oublions pas de vous préciser qu’une des habitudes les plus importantes à adopter (bien avant l’achat d’occasion ; tant pour votre vie professionnelle que votre vie personnelle) est d’aérer les espaces intérieurs au moins deux fois 10 min par jour. C’est le moyen le plus simple et le plus efficace de faire diminuer les polluants de l’air intérieur, avec également la limitation des produits ménagers et l’attention portée à leur composition.
A propos de l’autrice :
Sophie Garnier est infirmière puéricultrice. Après avoir exercé en services hospitaliers de pédiatrie et néonatologie, elle a ensuite travaillé en PMI (Protection Maternelle et Infantile). Elle a rejoint l’équipe Tikoantik en décembre 2022 en tant que conseillère vente pour accompagner et conseiller les clients professionnels.