La nuit des otages

Roblin s'immobilisa, le souffle court. II avait parcouru dix mètres, à plat ventre, collé littéralement au mur. Il se trouvait dans l'ombre étroite, au-delà de laquelle la lune éclairait tout. Il repartit, l'estomac convulsé à la pensée de toutes ces armes braquées, et si proches. Au moindre geste, ce serait la fusillade. Les balles le cloueraient au mur, comme une chouette sur une porte de grange. Un mètre..., un autre mètre..., un autre encore. L'échelle se trouvait là.
Roblin examina rapidement la façade. Une seule ouverture. La fenêtre de la chambre des prisonniers. Quelques mètres... Trois fois rien. Sauf en ce moment !
Coup d'oeil vers la forêt. Rien n'y bougeait. Et pourtant, derrière ces arbres, des Allemands guettaient, crosse à l'épaule. Et, à cette distance, même le plus maladroit...
Un peu hagard, Roblin empoigna l'échelle.
- Faut que j'y aille, bon dieu... Il le faut. Me reste plus que six minutes...

Source : Fleuve Noir