L'ambassadeur

Trois samouraïs ayant rencontré un coucou silencieux, le premier déclare qu'il tuera l'oiseau s'il ne chante pas, le second qu'il l'invi-tera à chanter, le troisième qu'il attendra son bon vouloir. C'est à cet apologue que fait allusion le moine japonais auprès de qui Maxwell Gordon Amberley s'initie à la doctrine du Zen quand il lui annonce sa nomination comme ambassadeur au Sud-Vietnam « Que ferez-vous lorsqu'on vous demandera de tuer le coucou ? » Dès son arrivée à Saïgon, où il est témoin du premier suicide de bonze par le feu, Ambetley comprend la portée de la question posée par son maître. Le coucou est le président Cung dont les Etats-Unis veulent obtenir l'adhésion à leurs vues. En tant qu'ambassadeur, Amberley est obligé d'utiliser les armes habituelles de la diplomatie des puissants; en tant qu'homme, il éprouve de la sympathie pour Cung qu'il sait condamné si sa démarche reste vaine - une junte soutenue par les services secrets s'apprête à renverser Phung Van Cung.
Sous cette affabulation, on aura reconnu le personnage du président Diem et les événements survenus vers 1963, car le mérite de Morris West est d'avoir écrit un roman aux profondes résonances dans un cadre historique qui en fait aussi un intéressant documentaire sur le Vietnam en guerre.

Source : Le Livre de Poche, LGF