Mort d'un aristocrate

Il avait l'impression d'être comme dans un nuage. Il n'était plus conscient de ce qui lui arrivait. Il entendait, ouaté, le bruit du compresseur. Et à ce bruit se mêlait étrangement le sifflement d'un moulin à vent tout proche. Un de ces moulins à vent particuliers au Portugal, dont les voiles triangulaires sont tendues par des cordes auxquelles sont accrochées de petites cruches en argile qui émettent un sifflement strident lorsque le vent s'y engouffre.
Il laissa échapper un gémissement et tenta désespérément de réagir contre l'engourdissement total où il se trouvait. Il ne pensait plus à Francisca. Il sentait inconsciemment qu'il devait lutter, se défendre, c'était tout.
Il n'y voyait plus.
Instinctivement, il entreprit d'ôter ses lunettes.
Il était parfaitement équipé, comme tous les gens qui attachent de l'importance à leur hobby.
- Il avait de grosses lunettes pour préserver ses yeux des projections de sable, un léger casque de mineur en aluminium avec une lampe frontale.
II n'était plus lui-même mais, à cause de l'étrange et profond malaise qui s'était brusquement emparé de lui, une sorte d'être inconsistant qui flottait dans l'irréalité.
Il s'y prit très mal pour ôter ses lunettes. En tirant sur l'élastique, derrière la tête, il fit. tomber son casque dont la lampe s'éteignit

Source : Fleuve Noir