Réponse à l'histoire

Si la disparition du Chah confère à Réponse à l'Histoire la dimension d'un véritable testament politique, nul doute aujourd'hui que ses analyses, aussi profondément lucides que dépourvues d'amertume, ont trouvé dans les faits une terrible confirmation. ,
C'est toujours avec une souveraine élégance de la pensée et de la forme qu'il. a écrit ce livre. Il y évoque « les Grands de ce Monde » qu'il a bien connus : Roosevelt, Churchill, Staline, certes, mais aussi Khrouchtchev et Brejnev, le général de Gaulle et Valéry Giscard d'Estaing, Eisenhower, Nixon, Kissinger, ainsi que Tito, De Gasperi, Adenauer, Begin, enfin, et parmi tant d'autres chefs d'Etat, Léopold Sedar Senghor, Hassan II, Anouar el Sadate et Lopez Portillo.
La « funeste alliance du Rouge et du Noir », celle des éléments de gauche avec les plus réactionnaires, a fait reculer de plusieurs siècles la nation iranienne. Le Chah analyse les causes de ces phénomènes, dont le retentissement a déjà eu des conséquences si néfastes pour l'Europe. Mais la crise du pétrole n'est à ses yeux que l'un des aspects matériels et matérialistes d'une conjuration de forces de destruction dont, après l'Iran, l'Occident tout entier pourrait être la victime.
Ce livre le montre : l'impéritie de certains mollahs, la réaction la plus aveugle, animée par un fanatisme contraire au véritable esprit de l'Islam, ne pouvaient que lancer tout un peuple dans un chaos sanglant. Et le Chah redoutait qu'à la guerre civile ne succède la guerre étrangère. Outre l'Irak, ennemi d'aujourd'hui, les adversaires potentiels sont nombreux... Si la guerre se déchaîne, écrivait le Chah, « l'Iran risque de ne plus exister que sur les cartes géographiques ».

Source : Le Livre de Poche, LGF